Crédit photos : JC Dorn / Marie-Christine Pichot / Roger Pichot
La chanson est un court-métrage.
On la débute comme on débute une rencontre.
On ne sait pas qui vous parle, d’où il vous parle,
vers quoi il va, on prend l’histoire en route.
Et on fait un petit bout de chemin ensemble.
Quelques mots, et on entre dans son univers,
on perçoit, plus qu'on ne comprend, on devine :
la suggestion rend libre l’auditeur.
Et puis la rencontre s’achève
à l’issue des trois minutes,
chacun va poursuivre sa vie,
continuer vers son propre horizon...
Il y a comme ça
des rencontres-éclairs
dans l’existence,
l'espace d'un instant,
mais qui vous marque à vie.
C’est un peu ça, une chanson :
l’éphémère instant
qu’on ne pourra pas oublier,
une fraction d’éternité.
La chanson est une contradiction,
éphémère, provisoire, elle est une fraction de vie...
mais elle s'installe, et ne vous quitte plus.
Elle vous accompagne au jour de la plus petite enfance,
et elle est toujours là, dans le plus grand âge, imprégnée en vous.
"Ramasser une pierre rugueuse, prendre le temps de la tailler,
qu'elle devienne lisse, ronde, comme un galet, une pierre polie.
Construire, déconstruire, reconstruire... préserver la spontanéité de l'oral.
Le premier jet, souvent, c'est le mot qui est au départ.
Le mot amène l'idée,
et ça marche si l'idée est défendable.
Alors construire sur cette idée, cette seule idée.
on peut difficilement aborder
plus d'une idée par chanson,
au risque que le message se brouille...
Aussi je voyage entre ces constats,
celui qui voit la chanson comme une lettre,
un monologue ou une conversation,
celui qui la voit comme un cri,
à la fois attaché à l'unité de lieu
comme à la progression du temps,
celui qui humblement
dans le paysage des maîtres-artisans de la chanson,
découpe, colle, scotch ses textes à l'infini,
pour aboutir à ce petit puzzle de mots".